Devenu une référence mondiale de la roue haut de gamme, Mavic est un des derniers survivants de l’industrie française du vélo. Le secret de sa longévité : innover sans cesse et multiplier les diversifications.
Petite devinette : quelle est la différence entre Mafac, Maillard, Simplex et Mavic ? Toutes sont des vieilles marques françaises qui ont été des références dans l’industrie du vélo. Mais une seule d’entre elles existe toujours. Mavic, malgré ses cent ans passés, se porte à merveille face aux jeunes marques qui composent l’industrie du vélo d’aujourd’hui. Son nom, elle le doit en 1889 à l’acronyme de Manufacture d’Articles Vélocipédiques Idoux et Chanel. Mais c’est à partir de 1920, avec la production de jantes en aluminium qu’elle devint au fil des ans la référence en matière de conception et de fabrication de roues de vélo. Un véritable défi à l’heure de la mondialisation et alors que l’essentiel de la production des composants vélos provient de l’industrie asiatique.
Dans le monde entier
A l’instar des grandes maisons de luxe françaises, Mavic exporte aujourd’hui sa production dans le monde entier. Elle est présente dans plus de 60 pays et dispose de deux filiales, une aux Etats-Unis et une autre au Japon. En Europe, une structure commerciale chapeaute exclusivement l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Enfin huit importateurs exclusifs, épaulés par 70 distributeurs, représentent dans le reste du monde toute la gamme Mavic avec à leur disposition un service après-vente hors du commun dans le milieu du vélo. Car, l’une des bottes secrètes de Mavic, outre l’innovation, est bien son service après-vente. Quand un client achète une paire de roues Mavic, quel que soit le niveau de gamme, il a la certitude d’être dépanné en cas d’incident à tout moment et durant toute la vie du produit. Une politique que peu de marques dans ce secteur du loisir appliquent sur le terrain et dont l’efficacité est vérifiée au Tour de France en proposant une assistance gratuite aux coureurs de la Grande Boucle. Les petits bonshommes jaunes juchés sur des motos collant aux coureurs, ce sont les techniciens Mavic.
Rachat par Amer Sports
Mais pour notre champion olympique de la roue tout n’est pas si tricolore que ça, l’entreprise étant passée sous pavillon étranger plusieurs fois. En 2005, la société finlandaise Amer Sports Oyj, a racheté au groupe Adidas la marque Salomon, qui disposait parmi ses trésors de l’entreprise Mavic, stationnée en Haute-Savoie, à Annecy. Salomon, ayant précédemment acquis la marque jaune en 1994, était lui-même tombé dans l’escarcelle d’Adidas en 1997 suite à des difficultés financières. Ces rachats successifs n’ont pas pour autant entamé l’esprit innovateur de Mavic qui a dernièrement révolutionné son petit monde en mettant sur le marché une roue avec des rayons tubulaires en carbone, la R-Sys. Mais asseoir sa notoriété sur des innovations ne suffit pas, la marque s’est diversifiée avec succès dans l’habillement du cycliste, la chaussure, les pédales et dernièrement dans le pneumatique.
Un groupe très endetté
Mavic a aussi besoin de temps et d’une politique d’investissement à long terme, souvent antagoniste aux politiques financières des actionnaires. Que décidera son nouveau propriétaire finlandais, Amer Sports Oyj ? Ce dernier est passé numéro un mondial du matériel de sport hors textile et chaussures avec un CA de 1,7 milliard d’euros. Parmi ses fleurons, il possède entre autres les marques Atomic, d’origine autrichienne et spécialisée dans la fabrication de skis, Wilson (badminton, baseball, softball, basketball, golf…), Suunto (boussole, altimètres montres électroniques…), Precor (appareils cardio training) et depuis 2005 Salomon.
Depuis ce rachat, ce groupe finlandais très endetté a dû procéder à une augmentation de capital avec l’intention de se délester de quelques activités qui n’entraient pas dans sa stratégie dont Mavic. Pour commencer, Mavic bénéficia en 2009 d’une nouvelle entité juridique baptisée Mavic SAS, de façon à la désengager de Salomon. Emoi dans le landerneau du cycle, Mavic allait-elle être reprise par quelque fond de pension étranger ou investisseur asiatique ? Après bien des tergiversations, Amer Sports, la société holding finlandaise, a finalement décidé de conserver Mavic considérant que la « cession de cette activité vélos ne serait pas dans le meilleur intérêt des actionnaires ». Un revirement qui a au moins rassuré les 300 employés de l’entreprise Mavic, répartis sur les sites de Haute-Savoie (Metz-Tessy et Annecy-le-Vieux) et de l’Ain (St-Trivier-sur-Moignans). Pour séduire ses nouveaux actionnaires, Mavic est donc condamné à être toujours le meilleur.
Mavic en quelques dates
1889
Lucien Chanel et Charles Idoux se lancent dans la fabrication et la vente de pièces détachées pour bicyclettes et créent Mavic, acronyme de Manufacture d’Articles Vélocipédiques Idoux et Chanel. L’entreprise se spécialise dans la production de garde-boue.
1920
L’entreprise est rachetée par Henry Gormand qui est également le Pdg de l’entreprise EMR, détentrice de la marque AVA. Les deux sociétés sœurs AVA et Mavic produisent chacune des pièces de vélos.
1926
Spécialiste des guidons en duralumin, Mavic produit ses premières jantes en aluminium.
1933
Fabrication de voitures à pédales pour enfants.
1934
Sur le Tour de France de 1934, des nouvelles jantes à œillets sont testées dans le plus grand secret.
1938
Premier brevet de manivelle de pédalier
1964
Bruno Gormand, le fils d’Henry, reprend la société. Sous sa direction, la marque prendra réellement son essor pour devenir un acteur majeur.
1973
Premières jantes anodisées, dont le traitement augmente la dureté des parois. Le bureau d’études développe une roue lenticulaire en fibre de verre qui ne sera jamais utilisée en course, interdite par les règlements. Mais Mavic est déjà en avance sur les études d’aérodynamisme. Mise en place des assistances techniques lors des compétitions cyclistes.
1974
Brevet sur un modèle de pédales sans cale-pied
1975
Création d’un moyeu avec roulements annulaires et d’un boîtier de pédalier. Suite à des casses successives des rayons sur ses jantes, Mavic avait constaté que le problème venait des moyeux, d’où son intérêt pour les roulements.
1977
Première assistance technique Mavic sur le Tour de France.
1979
Sortie du dérailleur 800 en alliage léger d’une grande rigidité et d’une gamme freins. Mavic participe avec Renault-Gitane à la mise au point du vélo Profil de Bernard Hinault. L’entreprise compte dans son catalogue un ensemble de périphériques comprenant jantes, moyeux, pédaliers, guidons et jeux de direction.
1983
Mavic équipe 26 équipes professionnelles à travers le monde. Lancement de la première roue complète VTT.
1984
Première moto d’assistance (Honda XL 600) de couleur jaune sur le Paris-Roubaix. Sortie des freins Mavic Super Pro 430, dont les étriers sont forgés et traités thermiquement.
1985
Un tragique accident de voiture coûte la vie au Pdg de Mavic, Bruno Gormand. Commercialisation des roues paraculaires Comète en fibre de carbone.
1988
Lancement d’un cintre compétition pour améliorer la position aérodynamique du coureur.
1989
Greg Lemond équipée « Tout Mavic » gagne le Tour de France et les Championnats du Monde.
1990
Traitement breveté Ceramic des jantes, consistant en un dépôt de céramique sur les flancs évitant leur usure.
1993
Le concept UB Control est l’usinage des flancs de jantes après anodisation, offrant des jantes plus légères, plus résistantes et un meilleur confort de freinage.
1994
Mavic rejoint le groupe Salomon. Cette même année, la marque lance un dérailleur électrique : le ZMS. Ne présentant pas toute satisfaction, sa fabrication est arrêtée.
1996
La Crossmax reprend tout le savoir-faire Mavic, avec moyeux FTS, jante avec profil surdimensionné et paroi ultrafine, 26 rayons à l’avant et 28 à l’arrière, croisés à 3 côté roue-libre et radiaux côté opposé. Utilisée pour la première fois aux jeux Olympique d’Atlanta.
1997
Naissance du concept FTS (Force Transfer System) qui consiste à renforcer la zone de contact entre les cliquets et le corps de moyeu, permettant aussi d’alléger les éléments. Mise au point d’un nouvel alliage, le Maxtal, qui optimise la légèreté, la résistance et la rigidité des jantes. Le groupe Salomon rejoint Adidas. Naissance de la première roue de descente Mavic : la Deemax jaune.
1999
Retour de Mavic dans le changement de vitesses à commande électrique : le Mektronic. Cette fois, la transmission est sans fil. Le système est multifonction, comprenant un ordinateur de bord (vitesses, distance parcourue, positions des pignons…). Application de la technologie Process Fore (issue de l’aéronautique) qui consiste à percer les jantes par déformation, sans usinage, pour la fixation des rayons. Une technologie apportant une meilleure rigidité, un gain de poids, et permettant de réaliser des jantes étanches pour les roues tubeless.
2000
Lancement de la roue VTT Crossmax UST tubeless. Plus de fond de jante, plus de chambre à air, flancs traités Ceramic, cette roue développée en partenariat avec Hutchinson et Michelin est le must de la roue VTT. Elle sera utilisée lors des JO de Sydney.
2002
Mavic dépose le brevet de l’ISM (Inter Spoke Milling) qui consiste à usiner l’intérieur entre les trous de fixation des rayons, permettant de réduire l’inertie de la roue, sans altérer sa résistance. Le procédé est ainsi appliqué sur les roues VTT Crossmax et Crosstrail et sur les Ksyrium en route.
2003
Lancement d’une gamme de compteurs de vitesses Wintech
2005
Salomon Mavic est repris par le groupe finlandais Amer Sports
2007
Création de la roue route R-Sys pourvue de rayons tubulaires en carbone. Cette technologie baptisée TraComp évite la déformation des rayons et la prise de voile.
2008
Mavic développe une série de pneumatiques pour parfaire la technologie de ses roues de route. Le concept Mavic devient ainsi global. A quand le pneu VTT made in Mavic qui prolongera la technologie de sa roue tubeless ?
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