Alors que les fabricants proposent des modèles route équipés de freins à disque, la fédération UCI préfère se donner le temps pour réfléchir. Il est vrai que les marques de vélos et les fabricants de composants y voient à la clé de belles ventes en perspective.
Cette année, l’UCI (Union Cycliste Internationale) continuera d’effectuer les tests des freins à disque durant les épreuves du calendrier route professionnel afin de permettre d’officialiser leur utilisation sur les vélos de course pour tous les évènements sportifs en 2017. Ce passeport ne sera délivré qu’à la condition qu’aucun accident ne soit attribué à ce type de freins.
Car il va bien falloir que les deux technologies de freinage (à disque et à patins) coexistent. En fonction de l’équipement du vélo, l’attitude du pilote ne sera pas la même lors d’un freinage violent sur route mouillée et dans les descentes de cols. Ce dernier disposant de freins à disque se permettra de retarder son freinage au moment d’enchaîner les virages grattant ainsi de précieuses secondes à son concurrent. Mieux, il disposera d’un freinage au top quelle que soit la matière des jantes (carbone ou aluminium), et des conditions météorologiques (pluie ou non) ; et enfin il n’aura plus de problème de « fading » (perte d’efficacité lors des montées en température des plaquettes ou patins).
Ce qui peut engendrer des risques de collision entre coureurs ne disposant pas de la même efficacité.
Bruits de sifflement
D’autant que la technologie Ice Tech proposée par Shimano avec des disques de 140 mm de diamètre permet d’abaisser la température de plus de 100 °C par rapport à un étrier concurrent.
Toutefois, quelle que soit la technique adoptée, l’amateur cyclo est loin de partager cet optimisme. Nombre de routiers n’acceptent pas l’esthétique de ces nouveaux vélos dépourvus d’étriers de feins sur jante. « Cela ne ressemble à rien, on dirait un vélo de piste », martèle ce responsable d’un club de cyclo tourisme des Yvelines. Il est vrai que la bataille de l’esthétisme est loin d’être gagnée et toute nouveauté demande de la patience.
D’autant que le disque peut engendrer des bruits de sifflement très désagréables en fin de freinage, et de frottement sur les plaquettes, en raison du très léger voile du disque. Un problème bien connu des vététistes. C’est pourquoi Shimano s’en tient à un disque de 140 mm de diamètre l’obligeant également à opter pour ses freins Ice Tech. Une technologie qui consiste en des disques refroidis par des écopes en aluminium et dont la piste de freinage est constituée de trois couches : inox pour les pistes de freinage et aluminium pour la couche centrale. Et pour finir, les plaquettes disposent d’ailettes de refroidissement.
De nouvelles roues
Mais outre, l’efficacité de freinage, l’apparition du frein à disque risque de remettre en question le design des roues. Plus besoin de flans usinés ; mieux pour éviter les remous d’air et aussi faciliter son écoulement, les fabricants de roues vont revoir leur copie. Plus besoin de flaps comme Mavic en propose sur certaines de ses roues. Les efforts exercés sur les flans des jantes vont disparaître pour se déplacer sur les moyeux. La roue va forcément être repensée ; il y a donc de belles perspectives d’avenir de ce côté.
Evidemment tous parmi les fabricants de freins ne sont pas logés à la même enseigne. Si Shimano, principal instigateur et leader de cette technologie, se dit fin prêt à livrer bataille, la question du surpoids demande à être travaillée. Le Japonais reconnaît qu’il explore diverses solutions, notamment pour fabriquer étriers et maîtres-cylindres à partir de matériaux de synthèse comme s’y est essayé Magura. D’autres comme Campagnolo y travaillent, et ce dernier n’a toujours pas présenté sa nouvelle gamme de freins à disque. Mais il est vrai que l’industrie italienne dispose de spécialistes du freinage comme FSA et Brembo, et des alliances entre équipementiers pourraient hisser l’Italien sur le devant de la scène.
En attendant, Orbea soucieux de ne pas louper le coche mettra à disposition de l’équipe Cofidis des prototypes de son modèle Orca afin d’adapter les coureurs aux possibilités du freinage à disque hydraulique.