Du peps dans les batteries grâce au lithium

Par 19 août 2015Technologie

Utilisé dans les batteries des vélos à assistance électrique, le lithium, un métal hyper léger, va bientôt devenir aussi convoité que le pétrole. Son extraction suscite déjà d’énormes enjeux économiques.

Le vélo à assistance électrique serait-il vraiment une simple mode ou une solution écologique parmi tant d’autres pour lutter contre la pollution ? Du moins, l’ensemble des Français semble y croire au vu de la progression des ventes de ces dernières années. De 2005 à 2010, elles ont été multipliées par 10, pour atteindre les 40 000 unités sur un marché national annuel de 3 millions de bicyclettes qui a tendance à stagner depuis ces cinq dernières années, voire à fléchir en 2011. Ce vélo à assistance électrique doit son succès en partie à l’utilisation de batteries hyper performantes au lithium au point d’avoir conquis une population essentiellement citadine, en majorité féminine et souvent âgée. Mais derrière se succès, se cachent moult problèmes de pollution liés à l’extraction de ce fameux lithium, le plus souvent dans des pays pauvres, et face à des ambitions politiques et économiques.

Un métal mou

Le lithium est en fait un métal mou, présent dans des argiles et saumures enrichies en chlorure de lithium, de couleur blanc argenté, extrêmement léger. Ses applications industrielles sont nombreuses comme dans la réalisation des verres, des céramiques réfractaires, de certains médicaments, et d’alliages dédiés à l’aéronautique. Mais c’est son utilisation dans la fabrication de certaines piles et de batteries à haute performance que le lithium a éveillé de nombreuses convoitises. Pensez donc, les géants automobiles ont développé leur voiture électrique en lui promettant un superbe avenir grâce aux batteries au lithium. C’est la seule technologie qui à ce jour permet d’offrir à ces voitures (et vélos) une autonomie suffisante, contrairement aux autres batteries au plomb, en emmagasinant un maximum d’énergie dans un volume beaucoup plus faible. Idem, pour les petites batteries indispensables pour les ordinateurs et autres téléphones mobiles, smartphones, lecteurs MP3, tablettes numériques… Le marché du lithium est donc colossal et est considéré comme le pétrole de demain.

Des réserves mondiales

D’où vient donc ce métal qui va sauver le monde d’une pénurie de carburant ? Les réserves mondiales semblent estimées à des dizaines de millions de tonnes présentes en grande partie en Amérique du Sud, notamment en Bolivie. Le désert d’Uyuni au sud de la Bolivie détiendrait 47 % des réserves mondiales connues. Suivent le Chili et l’Argentine. Puis l’Australie, le Canada, et surtout le Tibet et l’Afghanistan. Ces deux derniers pays, qui représentent de fabuleux gisements, suscitent beaucoup d’intérêt de la part de la Chine et des grandes puissances occidentales dont certaines n’ont pas que des vues à but humanitaire. Pour l’instant, la Bolivie semble représenter le filon le plus rapidement exploitable, loin de tout conflit armé. Mais son président, Evo Morales, ancien leader syndicaliste d’origine aymara, ne veut pas que les multinationales « pillent son pays », comme le firent naguère les colons espagnols en exploitant les mines d’argent, de zinc et d’étain. Contrairement à ses voisins chiliens et argentins qui ont confié l’exploitation du lithium à des groupes privés, la Bolivie a mis en place sa propre unité d’exploitation selon un mode plus écologique. Ce procédé consiste en l’évaporation des saumures dans de vastes piscines en plein désert afin d’en extraire les éléments.
Une méthode aux dires de certains spécialistes trop longue et qui ne suffira pas à répondre à la demande mondiale. Mais toutes ces exploitations minières qu’elles soient par bassins d’évaporation, par absorption d’alumine ou par extractions souterraines, ne sont pas sans causer de profonds dommages à l’environnement et à la faune. Le vélo à assistance électrique n’est peut être pas si écologique que cela. Mais après tout, le vélo est composé d’une multitude de pièces détachées dont beaucoup engendrent des niveaux de pollution plus ou moins importants, comme toute filière industrielle. Faut-il pour autant arrêter de pédaler au nom de l’écologie ? Cette batterie a au moins le mérite d’assurer le succès d’une gamme de vélos, alors que l’ensemble des autres ventes s’essouffle quelque peu.

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